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Nuits-Saint-Georges

Église Saint-Symphorien (XIIIe s.)

Nuits-Saint-Georges - Eglise Saint-Symphorien (XIIIe s.)
Nuits-Saint-Georges - Eglise Saint-Symphorien (XIIIe s.)

Le "beau XIIIe siècle" à Nuits-Saint-Georges

L'aménagement du Pays Nuiton par l'homme est attesté de haute Antiquité. Près de Nuits-Saint-Georges, aux Bolards, des structures gallo-romaines ont été retrouvées lors des fouilles de 1964-1985, en particulier les substructions d'un grand temple circulaire édifié durant la seconde moitié du premier siècle de notre ère, celles d'un temple de Mithra, d'une basilique et d'un habitat gallo-romain. L'époque médiévale connaît le développement de deux petites agglomérations : Nuits-Amont (sur le territoire duquel se trouve Saint-Symphorien) et Nuits-Aval, qui furent réuni par une même enceinte au XIVe siècle, à l'aube de la grande crise du Moyen Âge tardif en Occident. Nuits-Saint-Georges est dès le XIIIe siècle un bourg important au développement économique, notamment commercial, et démographique en plein essor, d'où la nécessité de construire une église à la mesure des nouveaux besoins.

Nuits-Saint-Georges -Eglise Saint-Symphorien (XIIIe s.)
Nuits-Saint-Georges -Eglise Saint-Symphorien (XIIIe s.)

Un style de transition au carrefour des influences

C'est dans une tradition encore romane qu'attestent les collatéraux de nef, couverts de voûtes d'arêtes, mais sous des influences déjà inhérentes au bâti gothique que l'église Saint-Symphorien a été construite aux environs de 1220-1240. Les spécialistes ont noté la simplicité du plan de cette magnifique église (plan dit "bernardin", car établi par saint Bernard de Clairvaux vers 1140) : une nef de trois travées qu'interrompt un transept faisant transition avec un choeur à deux travées doté d'un chevet plat. Ce dernier élément, à Nuits-Saint-Georges, est de toute évidence le fruit d'un modèle cistercien proche, celui de la quatrième abbatiale de Cîteaux probablement. L'influence cistercienne est perceptible également dans les chapiteaux à feuilles d'eau des collatéraux de la nef, tout comme elle pourrait avoir déterminé une hiérarchisation de l'espace en soulignant le caractère professionnel de l'édifice par l'emploi de l'ogive dans la nef centrale et dans les parties orientales de l'édifice, alors que la voûte d'arête est réservées aux bas-côtés, selon Sylvain Demarthe qui a longuement étudié le monument alors même que ce dernier faisait l'objet d'une très belle restauration en 2006-2007.

Nuits-Saint-Georges -Eglise Saint-Symphorien (XIIIe s.) : baies triplées de la façade
Nuits-Saint-Georges -Eglise Saint-Symphorien (XIIIe s.) : baies triplées de la façade
Nuits-Saint-Georges -Eglise Saint-Symphorien (XIIIe s.) : vue côté nord
Nuits-Saint-Georges -Eglise Saint-Symphorien (XIIIe s.) : vue côté nord

Toutefois les influences sont plus complexes encore : les chapiteaux à crochets paraissent s'inspirer de l'église Notre-Dame de Dijon, la rose dominant la triple arcature ornée de têtes, en façade, faisant plutôt écho au transept de Notre-Dame de Paris. On le voit : la Bourgogne ducale capétienne, à Nuits-Saint-Georges, est au croisement d'influences multiples qu'elle sait intégrer dans des formules à la fois traditionnelles et novatrices, au service d'une spiritualité marquée par Cîteaux. L'église n'a guère subi de modifications depuis le XIIIe siècle, hormis, pour l'essentiel, l'édification de la chapelle Saint-Jean-Baptiste (XIVe s.) ouverte sur le croisillon nord et celle du porche en 1624. L'église conserve aussi un mobilier médiéval et moderne intéressant, en particulier un lutrin du XVe siècle.

Bibliographie et ressources en ligne

Concernant le site des Bolards, lire :

-Colette Pommeret, Le sanctuaire antique des Bolards à Nuits-Saint-Georges, Dijon, 2001.

À propos de l'église Saint-Symphorien :

-Sylvain demarthe, "Saint-Symphorien de Nuits-Saint-Georges (première moitié du XIIIe s.). Une architecture entre traditions romanes et innovations gothiques", Le cavalier d'or. Bulletin du groupe de recherches archéologiques du Nuiton, 8 (2007), p. 24-32.

-Id., "L'église Saint-Symphorien de Nuits-Saint-Georges. Un syncrétisme architectural et décoratif vers 1220-1240", Reti Medievali Rivista, 12/2 (2011), p. 195-214.