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Laizy

Les origines mérovingiennes de la paroisse

Laizy illustre un processus très souvent attesté durant l'Antiquité tardive et le haut Moyen Âge. Ce territoire est initialement une villa (grand domaine rural) gallo-romaine comprise dans les possessions d'un puissant qui, devenu évêque, en fait don à son Église. Dans le cas présent, il s'agit certainement de Syagrius d'Autun (v. 565-v. 602). Ce nom est associé à la fondation ou au développement de plusieurs établissements religieux et d'un hospice (xenodochium) à Autun dans le cadre d'une collaboration active avec la reine mérovingienne Brunehaut (†613). Syagrius faisait partie d'une famille lyonnaise de la haute aristocratie sénatoriale, les Syagrii. Le pape Grégoire le Grand (590-604) lui écrit en 597 pour lui demander, en l'échange du pallium, de lutter contre la simonie (cette pratique consiste à vendre les sacrements) et contre les pratiques païennes encore nombreuses dans la région à la fin du VIe siècle. Nous possédons cinq lettres de ce pape à l'évêque Syagrius d'Autun. Syagrius favorise aussi les missions envoyées par Grégoire le Grand en Bretagne (actuelle Angleterre) et participe aux grands conciles provinciaux de la Gaule : Lyon (567 et 581), Paris (573), Mâcon (581) et Chalon (585). Il est aussi en relation avec des écrivains de son temps, dont le poète Venance Fortunat (v. 540-v. 602). La documentation concernant Laizy se tait durant le haut Moyen Âge, mais il est probable qu'une paroisse s'y soit développée. Toujours est-il qu'une église de Laizy est donnée au chapitre de la cathédrale d'Autun vers 1120. On ne peut dire jusqu'à quel point l'événement déclencha la construction actuelle, mais c'est probable, car d'après le mode de bâti et les caractères stylistiques de la sculpture notamment, c'est bien durant le deuxième quart du XIIe siècle que l'église romane fut édifiée.

Laizy - Eglise Saint-Julien (XIIe s.)
Laizy - Eglise Saint-Julien (XIIe s.)

L'église Saint-Julien (XIIe siècle)

Au premier abord, cet édifice de granit rose est étrange, étayé qu'il est depuis l'extérieur par de puissants contreforts. Ces derniers sont toutefois une adjonction de la fin du XVIIe siècle qui résulte d'une restauration nécessitée par les dégâts considérables que provoqua une tempête dans les années 1640. À cette occasion, en effet, la voûte de la nef et la coupole de la croisée s'effondrèrent. On peut distinguer deux phases de construction : le chevet, aux alentours de 1120-1130, et la nef vers 1140.

Laizy - Eglise Saint-Julien (XIIe s.) : l'abside
Laizy - Eglise Saint-Julien (XIIe s.) : l'abside

L'infuence de la cathédrale d'Autun se fait sentir dans l'architecture du bâtiment, comme l'atteste l'emploi de l'arc brisé (une voûte en berceau brisé couvrait jadis la nef et les arcs doubleaux dans l'église sont brisés, y compris celui de l'arc triomphal à l'entrée de la travée de choeur), le pilastre cannelé et la galerie d'arcatures aveugles reposant sur une plinthe dans l'abside. La nef de trois travées a donc perdu sa voûte d'origine (peut-être aussi une quatrième travée à l'ouest), mais le transept, la travée de choeur et l'abside sont encore dans l'état du XIIe siècle.  La chapelle sud-est, dédiée à saint Hubert, fut construite au XVe siècle. Cette époque vit également la modification de certaines baies de la nef.

Laizy - Eglise Saint-Julien (XIIe s.)
Laizy - Eglise Saint-Julien (XIIe s.)

La décoration sculptée est intéressante. On peut y voir l'oeuvre de deux ateliers, selon les spécialistes. On doit sans doute distinguer au chevet un premier atelier, celui des chapiteaux en calcaire ornés de feuilles lisses et celui auquel on doit quelques chapiteaux historiés, en calcaire toujours, dont celui dans la décoration duquel on croit reconnaître les Pèlerins d'Emmaüs. Les chapiteaux du haut, dans la nef, sont un peu plus tardifs et en granit rose. L'un d'eux est assez original. On y observe un homme armé, qui pourrait être saint Julien (de Brioude), patron de l'église, entre deux têtes aux angles. Si les chapiteaux calcaires à feuilles lisses évoquent le style de Saint-Lazare d'Autun, les chapiteaux historiés en calcaire sont à rapprocher du style du sculpteur de Saint-Andoche de Saulieu, tout comme les chapiteaux en granit rose de la croisée.

Laizy - Eglise Saint-Julien (XIIe s.) - Chapiteau en calcaire : les Pèlerins d'Emmaüs (?)
Laizy - Eglise Saint-Julien (XIIe s.) - Chapiteau en calcaire : les Pèlerins d'Emmaüs (?)

Bibliographie :

-Consulter le site de l'Office de tourisme du Grand Autunois Morvan : www.autun-tourisme.com.

Sur l'épiscopat franc de Burgondie au VIe siècle, on peut lire :
-Pierre Riché, "La ville d'Autun et la fin de la civilisation antique", dans Sept siècles de civilisation romaine vue d'Autun, Autun, 1985, p. 145-162.
-Jean Heuclin, Hommes de Dieu et fonctionnaires du roi en Gaule du nord du Ve au IXe siècle, Villeneuve-d'Ascq, 1998.
-Albert Jacquemin, Le clerc dans la cité. De Constantin à la fin de l'époque carolingienne, Paris : Éditions du Cerf, 2016.

Concernant l'église romane, voir :
-Christian Sapin (dir.), Bourgogne romane, Dijon, 2006.