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Avallon

Avallon - Vue générale sur les remparts et le centre historique de la ville
Avallon - Vue générale sur les remparts et le centre historique de la ville

Un brin d'histoire

Les origines antiques d'Avallon sont mal connues, mais il semble qu'il se soit d'abord agi d'une agglomération gauloise, puis gallo-romaine dès le Ier siècle avant J.-C. Il faut évidemment visiter le Musée de l'Avallonnais pour y découvrir, notamment, des sarcophages ainsi que de superbes fragments de sculptures et de mosaïques (dont la superbe mosaïque de sol de la villa des Chagnats) datant de cette époque et du Moyen Âge. Le quartier historique d'Avallon, où se trouve la collégiale Saint-Lazare, correspond à l'ancien castrum (site fortifié) tardo-antique, un espace qui, d'ailleurs, était très réduit (quelques hectares). Le castrum dominait la vallée du Cousin, comme ce fut ensuite le cas du château d'Avallon. Il reste peut-être un élément chrétien de cette époque : il s'agit d'un petit mausolée de quelques mètres carré à l'origine de la crypte de l'actuelle église Saint-Lazare et auquel il est possible d'accéder par un couloir, mais cet espace ne se visite pas. Les spécialistes le datent des Ve-VIIe siècles (Christian Sapin). On sait qu'une école, sans doute paroissiale, existait à Avallon au VIe siècle. Germain (v. 496-576), qui devint évêque de Paris (555-576), l'a fréquentée dans sa jeunesse  (Venance Fortunat, Vie de saint Germain, 5). Au VIIe siècle les textes évoquent un Pagus Avalensis. Le terme pagus est le plus généralement synonyme de comté durant le haut Moyen Âge.

Avallon - Tour de l'Horloge et maison à colombages (XVe siècle)
Avallon - Tour de l'Horloge et maison à colombages (XVe siècle)

Ce comté traverse les siècles et devient peu après l'an mil un enjeu dans la guerre de succession de Bourgogne que se livrent de 1002 à 1016 Hugues de Chalon (comte de Chalon et évêque d'Auxerre, fils du comte de Chalon et d'Autun Lambert) et Otte-Guillaume, neveu du précédent. Otte-Guillaume s'appuie sur les comtés d'Autun, Auxerre, Beaune et Avallon. Pour cette raison, la cité d'Avallon subit un siège très rude en 1005. Elle est finalement prise par le parti adverse. Avallon devient un centre du pouvoir ducal à l'époque des ducs capétiens, puis des ducs Valois. La cité faisait partie du diocèse d'Autun et comportait déjà trois lieux de culte durant le haut Moyen Âge : Saint-Martin-le-Vieux (reconstruit à la fin du XIIe siècle et encore partiellement en élévation), Saint-Julien, rasée pendant la Révolution et, dans le castrum, Sainte-Marie, devenue église Saint-Lazare. Depuis l'Antiquité, la ville fut protégée par une enceinte. On peut seulement voir aujourd'hui ce qui reste des remparts de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, soit, en particulier, la Tour Gaujart (1438) et la Tour de l'Escharguet (1522). Les habitants d'Avallon ont obtenu en 1214 une charte de franchise, qui les exonérait de certaines taxes. En 1456 fut construite la belle Tour de l'Horloge, depuis laquelle était organisé le guet (la ville a été très attaquée pendant la guerre de Cent Ans). Quelques maisons anciennes à pans de bois (XVe siècle) sont encore debout dans le centre-ville et bien restaurées.

Avallon - Tour de l'Horloge (1456)
Avallon - Tour de l'Horloge (1456)

Il est aussi intéressant de noter qu'il exista une petite communauté juive à Avallon jusqu'au XIIIe ou XIVe siècle, comme dans bien d'autres villes de Bourgogne (Sens, Joigny, Vermenton, Dijon et Mâcon notamment). Certains de ses membres étaient des tossafistes, c'est-à-dire qu'ils prolongeaient la réflexion de Rachi de Troyes (1040-1105) sur le Talmud qui est, en résumé, une mise par écrit du commentaire orale de la Torah. On peut citer Salomon ben Joseph, auteur de poésie liturgique, et Matatia qui composa des commentaires bibliques (XIIIe siècle). Le site Alliance fait le point sur cette question fort intéressante de la présence juive en Bourgogne, présence laborieuse (agriculture, viticulture, commerce...), mais aussi intellectuelle et savante.

L'ancienne collégiale Saint-Lazare, aujourd'hui paroissiale (XIIe siècle)

L'édifice actuel est venu remplacer dès les premières années du XIIe siècle (abside) une église Sainte-Marie qui avait été donnée à Cluny en 1078 et qui fut rendue au diocèse d'Autun en 1116. Au début du XIe siècle, des reliques de saint Lazare étaient parvenues jusqu'à Avallon. C'est à ce saint que fut dédiée la nouvelle église, devenue collégiale en 1161. Dès 1170, le duc Hugues III autorisait la tenue de foires en l'honneur de saint Lazare. On ne savait pas à cette époque que ce Lazare n'était pas le personnage de l'évangile, mais un évêque d'Aix de la fin du Ve siècle, dont les évêques d'Autun avait également recueilli des reliques au Xe siècle et auprès desquelles ils tentèrent d'organiser un pèlerinage.

Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.)
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.)
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.)
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.)
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) : collatéral nord
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) : collatéral nord

Le pape Pascal II a fait dans cette église une consécration en 1106 : celle-ci concerne sans doute le chevet. La nef de l'église Saint-Lazare date du milieu du XIIe siècle et ses portails, chef-d'oeuvres de la sculpture romane de transition, des années 1160-1170. La nef comprend trois vaisseaux. Après y avoir pénétré, il faut descendre des marches d'escalier qui rattrapent la déclivité du terrain. La nef centrale est voûtée de manière assez particulière. Il s'agit plus exactement de voûtes d'arêtes cupiliformes, parce qu'elles s'apparentent à une succession de coupoles séparées par des arcs-doubleaux (3e, 4e et 5e travées originelles, les autres ayant été refaites). Le principe s'inspire de la nef centrale de Vézelay, couverte de voûtes en berceaux à pénétration très proches de la voûte d'arêtes, et de la nef de l'église de Pontaubert. Les collatéraux sont couverts de voûtes d'arêtes. La tour nord a été reconstruite au XVe siècle.

Avallon - Portail occidental de l'église Saint-Lazare (v. 1170)
Avallon - Portail occidental de l'église Saint-Lazare (v. 1170)

Le portail central, sculpté vers 1160-1170, présente des éléments de la transition vers les portails gothiques, en particulier les statues-colonnes. Il a beaucoup souffert lors de la Révolution. Le tympan, où figurait le Christ en gloire entouré du Tétramorphe et d'anges, a disparu. On peut cependant toujours admirer au linteau le Repas chez Simon et la Crucifixion. La statue de Lazare, signalée par une inscription encore visible, ornait jadis le trumeau et il ne reste aujourd'hui qu'une seule statue-colonne aux ébrasements. Les statues-colonnes rapprochent la sculpture d'Avallon du Portail roman de Chartres et de celui de Vermenton. Aux voussures prennent place un zodiaque et les travaux des mois, partiellement abîmés. Le petit portail de droite a conservé son tympan (Adoration des mages). Il est supporté par un linteau où ont été représentés la Résurrection et la Descente dans les limbes. Des scènes de la vie de la Vierge et de Lazare étaient insérées au portail nord. La décoration est tout à fait remarquable. Elle comporte notamment des rinceaux, des roses, des colonnes torsadées et des motifs de grecques. Elle se déploie avec exubérance aux soubassements des piédroits.

Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : le Bélier
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : le Bélier
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : le Taureau
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : le Taureau
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : les Gémeaux et le Cancer
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : les Gémeaux et le Cancer
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : le Lion et la Vierge
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : le Lion et la Vierge
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : la Balance et le Scorpion
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : la Balance et le Scorpion
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) : le mois venteux (décembre-janvier)
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) : le mois venteux (décembre-janvier)
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : le Sagittaire
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : le Sagittaire
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : le paysan et réchauffe près du feu et s'adonne au ramassage du bois (décembre-janvier)
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : le paysan et réchauffe près du feu et s'adonne au ramassage du bois (décembre-janvier)
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : Sagittaire et Capricorne
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : Sagittaire et Capricorne
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : le roi David jouant de la Lyre
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portail central : le roi David jouant de la Lyre
Avallon - Eglise Saint-Lazare - Portail sud (v. 1170)
Avallon - Eglise Saint-Lazare - Portail sud (v. 1170)
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) : Portail sud
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) : Portail sud
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portails : soubassements des piédroits
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portails : soubassements des piédroits
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portails : soubassements des piédroits
Avallon - Collégiale Saint-Lazare (XIIe s.) - Portails : soubassements des piédroits

L'église Saint-Martin-du-Bourg (3e tiers du XIIe siècle)

C'est aujourd'hui un bâtiment privé qui ne se visite pas. Subsistent en élévation le massif oriental et ses absides à chevet plat voûtés d'ogives sans doute dès les années 1150. Autrement dit, celles-ci figurent parmi les plus anciennes de la région. Du XIIe siècle également, le transept saillant et une travée de la nef couverte de voûtes d'arêtes, les travées suivantes, dans la nef, ayant été détruites au début du XVIIIe siècle. La décoration des chapiteaux est très riche (thèmes végétaux, animaliers et humains). Le chapiteau gothique à feuilles lisses, également présent, traduit une évolution vers un style nouveau à la fin du XIIe siècle.

Bibliographie et ressources en ligne

-Robert Branner, Burgundian Gothic Architecture, Londres, 1985, p. 111 (Saint-Martin).

-Christian Sapin (dir.), Bourgogne romane, Dijon, 2006.

-Article général sur Avallon.