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La Charité-sur-Loire

La Charité-sur-Loire - Eglise priorale - Le chevet roman (XIe-XIIe siècle)
La Charité-sur-Loire - Eglise priorale - Le chevet roman (XIe-XIIe siècle)

Prieuré Notre-Dame (XIe-XIIe siècle)

Le petit monastère de Seyr (ancien nom du lieu), fondé au début du VIIIe siècle, avait traversé les siècles vaille que vaille jusqu'à ce qu'en 1052, des donations de terres effectuées par Geoffroy de Champallement, évêque d'Auxerre, au bénéfice de Cluny, ne déclenche un processus d'affiliation de l'établissement à la grande abbaye bourguignonne. En 1059, l'acte de fondation consacre l'essor du prieuré. Dès les années 1060, un édifice dont l'architecture s'inspire de celle de Cluny II est construit, avec une nef à double bas-côtés, un transept, un choeur à six absidioles échelonnées. Le site avait changé de nom pour s'appeler désormais La Charité : il est vrai que des pèlerins de plus en plus nombreux, qui étaient en chemin depuis la Germanie, l'Alsace ou Paris pour rejoindre Compostelle par Vézelay, traversaient ici la Loire après avoir été hébergés à l'hôtellerie. Le développement économique et urbain du bourg ne se fait guère attendre, avec des retombées financières importantes. Le XIIe siècle apparaît ainsi comme l'époque du plus grand essor de La Charité.

La Charité-sur-Loire - Eglise priorale : le choeur (2e quart du XIIe siècle)
La Charité-sur-Loire - Eglise priorale : le choeur (2e quart du XIIe siècle)

La nef avait déjà été agrandie à la fin du XIe siècle et au début du XIIe, au point de compter dix travées. Dès les années 1115-1120 et pendant une trentaine d'années, l'église du XIe siècle connaît des modifications considérables : le transept est surélevé d'un étage, le massif oriental est reconstruit et un narthex est ajouté à l'ouest. Le sanctuaire est alors cerné par un déambulatoire ouvert sur des chapelles rayonnantes (la chapelle axiale date quant à elle du XVIe siècle). Une façade est élevée avec deux tours dont seule subsiste la Tour Sainte-Croix, au nord.

La Charité-sur-Loire - L'église priorale - Bras sud du transept : le tympan de la Transfiguration (v. 1132)
La Charité-sur-Loire - L'église priorale - Bras sud du transept : le tympan de la Transfiguration (v. 1132)

La façade comptait cinq portails. Deux tympans romans ont été conservés. Celui qui est encore visible au portail toujours en place est consacré à des scènes de la vie de la Vierge : sur deux registres superposés, on voit au linteau, de gauche à droite, l'Annonciation, la Visitation, la Nativité et l'Annonce aux bergers, puis au tympan qui le surmonte l'Assomption de la Vierge, accueillie au Ciel par le Christ figuré dans une mandore. L'autre tympan a été remonté dans le mur sud du bras droit du transept : il représente la Transfiguration, une fête alors récente dans le calendrier catholique en Occident, le linteau étant quant à lui consacré à des scènes de la vie de la Vierge et du Christ : Adoration des Mages à gauche et Présentation au Temple à droite. Ce sont des oeuvres datables des années 1130. Les spécialistes ont en particulier rapproché le tympan de l'Assomption de la sculpture romane de Chartres.

L'ensemble monastique a souvent été victime des destructions par incendie. Celui de 1559 a été dévastateur : la nef a disparu et celle que l'on parcourt aujourd'hui ne date que de 1695, si bien qu'en dehors de certains éléments de façade et de la Tour Sainte-Croix, seul le massif oriental date vraiment des XIe-XIIe siècle, avec la grosse tour octogonale de la croisée ou Tour de la Bertrange élevée sur la coupole de la croisée du transept. La décoration sculptée s'inspire aussi de Cluny : les thèmes végétaux et animaliers y dominent dans les très nombreux chapiteaux du choeur. Une particularité doit être signalée : ce sont les les arcs quintilobés de la galerie aveugle du choeur, qui coiffent également les arcatures à l'étage de la Tour Sainte-Croix, de la Tour de la Bertrange, du choeur et du transept à l'extérieur. Les bâtiments monastiques construits ou reconstruits depuis le XIIIe siècle ont beaucoup souffert. Plusieurs ont disparu. Le cloître a été reconstruit au XVIIIe siècle en style classique, alors que l'abbaye connaissait un renouveau, peu de temps avant la Révolution. L'essor économique de la ville au Moyen Âge central fut tel que de nombreuses maisons bourgeoises en pierre ont été édifiées. Certaines d'entre elles, des XIIIe-XVe siècles, sont encore visibles ; elles bordent les ruelles typiques qui convergent vers le prieuré.

Bibliographie

-Marguerite David-Roy, "Le prieuré clunisien de la Charité-sur-Loire", Archéologia, 145 (Août 1980), p. 45-54.

-Chantal Arnaud, "Le monastère de La Charité-sur-Loire", dans Cluny. À la découverte des sites clunisiens, Dossiers d'archéologie n° 275 (juillet-août 2002), p. 42-45.

-Christian Sapin (dir.), Bourgogne romane, Djon, 2006.

-"La Charité-sur-Loire, une traversée du temps", Archéologie en Bourgogne, 35, DRAC Bourgogne, 2015.

Ressources en ligne

-Retrouvez la présentation de La Charité-sur-Loire également sur bourgogneromane.com.