Ancienne Saint-André (XIIe siècle)
Iguerande possédait au IXe siècle une église qui fut donnée à Cluny en 938. Peu après, un prieuré y fut installé, mais ce dernier fut échangé avec Marcigny contre le sanctuaire de Berzé-la-Ville en 1088. Iguerande dépendit alors du prieuré des Dames de Marcigny qu'avait fondé par l'abbé Hugues de Semur en 1054 et l'église fut reconstruite dans la foulée, mais peut-être pas immédiatement, contrairement à ce que l'on peut souvent lire. Des éléments stylistiques indiquent en effet que l'on commença les travaux non dès 1088, mais plutôt vers 1100, par le massif oriental, et que l'on poursuivit ensuite par la nef. La sculpture du chevet s'apparente à celle d'Anzy-le-Duc (Anzy-nef, donc vers 1120), celle de la nef d'Iguerande étant un peu plus tardive (v. 1130 peut-être).
En arrivant par la route de Saint-Julien-de-Jonzy, l'église d'Iguerande apparaît, au dernier détour, puissamment plantée sur une esplanade dominant la vallée de la Loire. D'aspect massive et solide, elle impressionne par son authenticité, bien qu'elle ait subi, comme tous les édifices romans de la région, des restaurations plus ou moins importantes au XIXe siècle. C'est que dans l'équilibre général, presque tout y est d'époque romane : la nef aveugle de trois travées voûtées en plein cintre et dotée de bas-côtés voûtés d'arêtes, le transept voûté en plein cintre également, le choeur et l'abside où règne également le plein-cintre et où une série d'arcatures aveugles impose un rythme harmonieux dans le parement. Le clocher à un étage, ouvert sur chaque côté de deux baies géminées juxtaposées, est aussi roman. La façade a été remaniée, comme le parement extérieur de l'église (du moins en partie), mais elle conserve des chapiteaux romans.
La sculpture mérite tout autant que l'architecture une visite de cette église. L'imagination la plus débridée s'y est donné libre cours aux chapiteaux et aux bases des colonnes : chats affrontés, joueurs de trompe ou de harpe, cyclope jouant de la flûte de pan, tête de chouette (?) qui, lorsqu'on la regarde à l'envers, ressemble à une tête de veau...Bien des mystères attendent l'amateur d'imaginaire médiéval dans l'église d'Iguerande !
Bibliographie
-Matthias Hamann, Die Burgundische Prioratkirche von Anzy-le-Duc und die romanischen plastik im Brionnais, Wurzburg, 2000.
-Christian Sapin, Bourgogne romane, Dijon, 2006
-Guy Lobrichon, Bourgogne romane, Lyon, 2013.
-Anelise Nicolier, La construction d'un paysage monumental religieux en Brionnais à l'époque romane, Thèse (2015), Tome III, vol. 2, Corpus : Iguerande : p. 45-86 : p 62-86.