L'église Saint-Germain et ses peintures murales (v. 1500)
Cet édifice a des origines romanes (portail, soubassements de la nef, notamment les piliers), mais les parties hautes ont été refaites à la fin du XVe et au début du XVIe siècle. On est surpris, en entrant dans l'église, par l'assise très basse des supports des grandes arcades. En fait, le niveau primitif de l'ancienne nef se trouve à quelque deux mètres en dessous du niveau actuel. Le sol de l'église a été remblayé au cours des siècles. C'est surtout pour les peintures murales découvertes en 1910 qu'il faut visiter cette église. Il s'agit de peintures réalisées sur enduit sec et non de fresques. On peut y voir une représentation qui, sans être tout à fait rare, n'est pas non plus très fréquente dans les églises de France : il s'agit d'une Danse macabre. Ce sujet a aussi gagné l'Allemagne, la Suisse et l'Espagne à la fin du Moyen Âge. À La Ferté-Loupière, la Danse macabre est associée à trois autres scènes : le Dit (ou Dict) des trois morts et des trois vifs, l'archange Saint-Michel terrassant le démon et la Vierge de l'Annonciation. C'est évidemment les deux premiers sujets qui sont les plus intéressants, car ils dénotent une certaine spiritualité, marquée par la place accordée à la souffrance et surtout à la mort. Celle-ci prévaut durant les deux derniers siècles du Moyen Âge, probablement sous l'effet d'une mauvaise conjoncture (guerres et épidémies). Cette spiritualité coloriste, et non pas simplement ascétique, est, dans l'histoire religieuse de l'Occident, un fait nouveau qui se développe à partir du XIVe siècle. Les fameuses pietà qui montrent la Vierge affligée, dépositaire de la dépouille du Christ, en est un exemple récurrent à cette époque, comme l'atteste la pietà de Saint-Pierre-le-Moûtier, près de Nevers.
La Danse macabre, dont on trouve les premières attestations dans la peinture murale au XVe siècle, notamment à l'abbatiale de La Chaise-Dieu, en Auvergne (v. 1470), mais surtout également à Brianny en Bourgogne, près de Saulieu, est ici composée de 42 personnages, parmi lesquels figurent les puissants de ce monde (laïques et religieux), mais aussi les gens du commun, à la rencontre desquels viennent des squelettes pour leur rappeler leur fin inéluctable dans une danse pleine d'ironie. Ce genre de scène prend naissance dans des représentations théâtrales appelées mystères. La Danse macabre ne manque d'humour et surtout d'impertinence. D'ailleurs, c'est sous la pression ecclésiastique qu'elle avait été recouverte d'un badigeon à La Ferté-Loupière. Et c'est fort heureux, car ce dernier a permis de la conserver. Cette Danse macabre est précieuse également pour les historiens, qui y voient un témoignage sur les coutumes vestimentaires à la fin du XVe et au début du XVIe siècle (on ignore la date exacte de cette oeuvre néanmoins d'inspiration médiévale).
Le Dit (ou Dict) des trois morts et des trois vifs représenté sur le mur nord tout de suite en entrant dans l'église raconte quant à lui une histoire très proche de la précédente : trois beaux jeunes chevaliers rencontrent lors d'une partie de chasse trois morts réduits à l'état de squelettes qui, dans une perspective morale, attirent leur attention sur leur destin final, destin que conditionnent évidemment les actes de leur vie présente. Ce récit apparaît dans la littérature dès la fin du XIIIe siècle.
Bibliographie et ressources en ligne
-On peut d'abord consulter le site internet de l'Association des Amis de l'église de la Ferté-Loupière.
Sur le thème de la Danse macabre, on peut lire :
-Jacqueline Brossolet, Les Danses macabres en temps de peste, Anvers, 1971.
-Abbé Potier, La Danse macabre de la Ferté-Loupière, La Ferté-Loupière, 1984.
-Elina Gertsman, The Dance of Death in the Middle Ages : image, text, performance, Turnhout, 2010.
-Sophie Oosterwijk, Stéphanie Knöll, Mixed Metaphors : the 'Danse macabre' in Medieval and Modern Europe, Newcastle upon Tyne, 2011.