La crypte romane de Sognes
Perceneige n'existe pas en tant que village. C'est le nom d'une commune qui regroupe depuis les années 1970 les six villages suivants : Courceaux, Grange-le-Bocage, Plessis-du-Mée, Sognes, Vertilly et Villiers-Bonneux. Chaque village a son église. Celle de Sognes, dédiée à saint Pierre, présente la particularité de posséder une crypte romane sous le choeur. On pénètre par un escalier à gauche de l'entrée du sanctuaire dans un espace souterrain révélé après déblaiement et qui est resté dans son état médiéval.
La crypte semi-circulaire se compose de trois petites nefs de trois travées dont les voûtes d'arêtes reposent sur des chapiteaux pour certains sculptés de motifs à dominante végétale, pour d'autres tout juste épannelés, faisant transition avec des piliers de section et d'aspect tout aussi variés. On peut se demander s'il ne s'agit pas parfois de chapiteaux de remploi, du moins pour certains d'entre eux, tant ils sont différents par le module et la décoration. Les piliers, contre la paroi, s'appuient sur un banc qui fait le tour de l'espace. Une pierre tombale gît, à l'est : c'est celle d'Eustachie de Villars, une noble dame du XIIIe siècle. L'ensemble paraît bien usé ; toutefois, à y regarder de plus près, on s'aperçoit que les couleurs résiduelles témoignent d'un espace jadis recouvert de peintures murales. On devine ainsi une scène impliquant un évêque sur le mur ouest, au sud un décor de faux parement assez typique et, sur les chapiteaux, des traces de bleu, de jaune et de rouge, notamment. Les voûtes elles-mêmes étaient peintes.
Une étude archéologique de l'ensemble permettrait d'établir davantage de certitudes sur cet espace cultuel remarquable. Qu'en est-il de son histoire ? On sait seulement que Richer, archevêque de Sens (1062-1096), fit don du domaine de Sognes à l'abbaye Saint-Pierre-le-Vif. L'hypothèse la plus probable, hélas non démontrée, consiste à dire que cet aménagement est à mettre au compte des moines de cet établissement qui connut une grande prospérité économique, culturelle et spirituelle entre le Xe et le XIIe siècle. Le plan, l'architecture et la sculpture indiquent en tout cas une réalisation qui doit prendre place dans la seconde moitié du XIe ou, au plus tard, au début du XIIe siècle.
Le visiteur désireux de découvrir cette crypte romane doit s'adresser à la mairie, située dans le village de Villiers-Bonneux.
Bibliographie
-Christian Sapin, Les cryptes en France. Pour une approche archéologique, IVe-XIIe siècle, Paris, 2014.