Aller au contenu

Saint-Germain-en-Brionnais

Saint-Germain-en-Brionnais - Eglise Saint-Germain-et-Saint-Benoît (XIIe siècle)
Saint-Germain-en-Brionnais - Eglise Saint-Germain-et-Saint-Benoît (XIIe siècle)

Ancienne église priorale Saint-Germain-et-Saint-Benoît (XIIe-XIIIe siècle)

La fondation, peut-être aux environs de 1070, d'un établissement de chanoines pauvres de Saint-Augustin - des chanoines réguliers demeurant dans le siècle, mais ayant renoncé à la propriété personnelle au contraire d'autres collèges de chanoines -, est à l'origine de cet édifice. Une paroisse est érigée au plus tard en 1085 par l'évêque d'Autun Aganon, probable fondateur de la communauté avec l'assentiment et peut-être même le concours des seigneurs de Dyo (on peut voir dans le collatéral nord le tombeau de Sybille de Dyo, dame de Dyo, morte en 1298). Cependant l'église, entièrement romane, est un peu moins ancienne. Elle appartient pour l'essentiel au second quart du XIIe siècle (le chevet) et autour de 1180-1200 en ce qui concerne le clocher et sans doute les derniers travaux effectués sur la première travée occidentale des trois vaisseaux de la nef. Toutefois, Anelise Nicolier note que le périmètre de l'édifice avait été planté dès l'origine de la construction. On ne faisait donc que terminer un projet auquel on est resté fidèle. Le tympan du portail ouest, tout simple, est orné d'une croix potencée.

Saint-Germain-en-Brionnais - Eglise Saint-Germain-et-Saint-Benoît (XIIe siècle)
Saint-Germain-en-Brionnais - Eglise Saint-Germain-et-Saint-Benoît (XIIe siècle)

On peut parler d'église-halle, dont le plan est comparable à celui de l'église de Bragny-en-Charollais, sur la commune de Saint-Vincent-Bragny. L'ensemble, entièrement roman (si l'on excepte évidemment les restaurations des XIXe et XXe siècle, notamment au niveau des contreforts et des voûtes de la nef, consolidés), présente un aspect massif. On y entre par un portail surmonté d'un tympan simplement orné d'une croix potencée et encadré par des arcs légèrement brisés. Pas de transept : la nef aveugle (sans éclairage direct) de trois travées, couverte d'un berceau en plein cintre, est flanquée de collatéraux à peine moins hauts que le vaisseau central et éclairés par des baies en plein cintre. C'est justement cette quasi-continuité entre les trois vaisseaux, sur la largeur, qui confère à l'édifice son aspect trapu. Les trois vaisseaux se prolongent à l'est par une travée de choeur et un chevet. L'abside principale, au centre, est un peu plus longue que les absidioles. L'abside principale est ornée d'arcatures lombardes et emprunte donc vers 1120 une formule déjà un peu passée de mode. En revanche des arcatures aveugles reposant sur des chapiteaux scandent le mur des absidioles. L'écriture en est plus conforme au style roman à cette date. Les parties basses du mur d'enveloppe de la nef ont été établies en même temps que l'on construisait le chevet. Vers 1130, après l'abside et le choeur, ont été construites les deux travées orientales de la nef, mais des traces de bretture indiquent que la première travée, à l'ouest, n'a été terminée que vers 1200 environ.

Saint-Germain-en-Brionnais - Eglise Saint-Germain-et-Saint-Benoît (XIIe siècle) : chapiteau
Saint-Germain-en-Brionnais - Eglise Saint-Germain-et-Saint-Benoît (XIIe siècle) : chapiteau

L'église conserve des chapiteaux. Les chapiteaux de l'abside, notamment décorés de masques et d'animaux affrontés, doivent être comparés à ceux du déambulatoire de l'église de Bois-Sainte-Marie, selon les spécialistes, et sont dus au même atelier. Ceux des travées orientales de la nef, ornés d'animaux affrontés, de masques et de feuilles, sont attribuables à un second atelier ; ceux, enfin, de la partie la plus récente présentent des motifs végétaux annonçant le gothique et sont l'oeuvre d'un troisième atelier. Les bâtiments canoniaux se trouvaient au sud de l'église priorale. Ils ont été détruits par les troupes huguenotes de l'amiral de Coligny en 1569. Dans l'église se trouve une curiosité régionale : l'autel roman (XIIe siècle), dans le bas-côté sud de la nef, comporte une cavité initialement destinée à la réception de reliques. Une tradition locale l'appelle un "débeurdinoire" et veut qu'en y glissant leur tête, les visiteurs s'estimant affligés d'un certain degré de bêtise puissent ainsi gagner en intelligence ! Rappelons que dans le parler régional, le terme "beurdin" signifie idiot, simple d'esprit. Le seul autre "débredinoire" (dans le parler bourbonnais légèrement différent) est dans le déambulatoire de l'église romane de Saint-Menoux, dans l'Allier, près de Moulins.

Saint-Germain-en-Brionnais - Eglise Saint-Germain-et-Saint-Benoît (XIIe siècle) : gisant de Sybille de Luzy (v. 1300)
Saint-Germain-en-Brionnais - Eglise Saint-Germain-et-Saint-Benoît (XIIe siècle) : gisant de Sybille de Luzy (v. 1300)

Bibliographie

-Christian Sapin (dir.), Bourgogne romane, Dijon, 2006.

-Nicolas Reveyron (dir.), Hugues de Cluny 1024-1109. Lumières clunisiennes : exposition, Paray-le-Monial, basilique, cloître, musée du Hiéron, 11 juillet-11 octobre 2009, Cluny, 2009, p. 146-148.

-Anelise Nicolier, La construction d'un paysage monumental religieux en Brionnais à l'époque romane, Thèse (2015), Tome III, vol. 3, Corpus : Saint-Germain-en-Brionnais : p. 35-59 : p. 38-59.