Patrimoine médiéval de la Bourgogne : architecture, sculpture, peinture
Bard-le-Régulier
Église Saint-Jean-l'Evangéliste (XIIe siècle)
Cette église romane du XIIe siècle fut au Moyen Âge une collégiale de chanoines réguliers, dès le début du XIIe siècle, selon la volonté du comte de Nevers. Pour être plus précis, le prieuré de Bard-le-Régulier dépendait de Saint-Germain-en-Brionnais où l'évêque d'Autun Aganon avait fondé vers 1070/1085 cet ordre de chanoines pauvres. La particularité de cet ordre religieux était la suivante : tout en cultivant la proximité avec le monde dans une démarche de prédication et d'activité cultuelle, les religieux ne possédaient pas de biens propres, contrairement à d'autres chanoines, notamment les chanoines séculiers qui composaient le clergé réuni autour de l'évêque, près de la maison épiscopale et de la cathédrale. Ces chanoines réguliers d'un type particulier, dits "chanoines pauvres", avaient donc cela en commun avec les moines. En revanche, l'élément commun à tous les chanoines est de vivre en communauté, comme les moines dits cénobitiques, mais avec plus ou moins de proximité entre eux, et d'entretenir une relation étroite avec les laïcs à travers l'activité pastorale. L'activité religieuse dura jusqu'aux environs de 1725, date à laquelle l'ensemble des bâtiments fut à peu près abandonné et souffrirent de cette incurie, si bien que nous ne conservons que l'église. Celle-ci se compose d'une nef couverte en berceau brisé, prolongée d'un coeur voûté en berceau que l'on atteint en montant quelques marches d'escalier pour récupérer la déclivité du terrain. Le clocher octogonal date sans doute du début du XIIIe siècle.
Ce qui est remarquable dans cette église, c'est surtout l'extraordinaire ensemble de trente stalles distribuées sur quatre rangées et dont les décors tous plus expressifs les uns que les autres : la concentration du contemplatif et du lecteur de la Parole de Dieu y côtoie la mine réjouie d'un religieux bedonnant, quelque animal familier ou encore un être hybride parfaitement improbable...Des jouées narrent des scènes extraites de l'évangile (Annonciation, Visitation, Nativité) ainsi que des épisodes apocryphes repris dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine (1228-1298), tel le supplice de saint Jean, plongé dans l'huile bouillante sur ordre de l'empereur Domitien. Les visages, les attitudes et les vêtements font écho à un quotidien de la vie du milieu du XIVe siècle. Ces stalles, témoignage remarquable sur la vie canoniale, sont dues à un artiste anonyme qui les a réalisées vers 1350, ce qui en fait les plus anciennes de Bourgogne aujourd'hui conservées.
Parmi, justement, les stalles médiévales importantes de cette région, il faut citer celles de l'ancienne collégiale (actuellement basilique) de Saulieu, en Côte-d'Or (1388), de Laizé (fin du XVe siècle) et de l'église Saint-Marcel de Cluny (fin du XVe siècle également) en Saône-et-Loire. Les stalles de Cuisery, en Saône-et-Loire également (v. 1510), et de Montréal, dans l'Yonne (v. 1522-1530), sont déjà d'époque et de style Renaissance.
Le décor burlesque des appui-mains :
Bibliographie
-Monique Richard-Rivoire, "Stalles du Moyen Âge et du XVIe siècle en Bourgogne", dans Actes du 109e congrès des Sociétés savantes, Dijon, 1984, p. 197-216.
-Étienne Jovignot, L'église de Bar-le-Régulier (Côte-d'Or) et ses stalles du XIVe siècle, 2003 (4e édition).