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Chalon-sur-Saône

Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : un roi et une reine (v. 1150)
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : un roi et une reine (v. 1150)

Le quartier Saint-Vincent et la cathédrale (fin XIe, XIIe et XIVe siècle)

Depuis le XIXe siècle, Chalon-sur-Saône fait partie du diocèse d'Autun, mais la cité fut le centre d'un évêché, créé au Ve siècle probablement pour fractionner le très vaste diocèse d'Autun. Cabillonum était une cité gallo-romaine à laquelle son site de port fluvial donnait beaucoup d'importance, en bord de Saône. C'était un castrum et l'on peut encore y voir les restes de la muraille du IIIe siècle derrière la cathédrale. De plus, celle-ci a été établie sur les restes d'un temple païen. La cité fut choisie comme capitale du royaume mérovingien de Bourgogne par Gontran, petit-fils de Clovis et de Clotilde et fils de Clotaire Ier. Gontran régna de 561 à 592/3. C'est peut-être sous son règne qu'intervint la fondation épiscopale du monastère Saint-Pierre, ruiné au XVIe siècle durant les guerres de Religion (1562), mais dont on peut encore apercevoir un mur du cloître et du réfectoire rue Donneau, sur les hauteurs actuelles de la Citadelle où a été établie une chapelle au XIXe siècle. Ces vestiges du début du XIe siècle se caractérisent par la technique des bandes lombardes (lésènes et arcatures).

Chalon-sur-Saône - Vestiges de l'abbaye Saint-Pierre (début du XIe s.), rue Donneau
Chalon-sur-Saône - Vestiges de l'abbaye Saint-Pierre (début du XIe s.), rue Donneau

Des conciles ont été réunis à Chalon, l'un en 647, l'autre sous les Carolingiens en 813. Le deuxième est particulièrement important : il constitue en effet l'une des cinq assemblées réformatrices de l'Église des Gaules tenues cette année-là, à la fin du règne de Charlemagne. Le commerce était déjà florissant à Chalon à la fin de l'Antiquité et atteignit un apogée aux XIIIe-XVe siècles, au temps des grandes foires d'été et du carême, dont les maisons bourgeoises à pans de bois du centre-ville reflètent le dynamisme.

Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Vue intérieure
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Vue intérieure

La cathédrale actuelle résulte de campagnes de construction nombreuses et longues, entre la fin du XIe et le XVe siècle. Les absidioles qui flanquent le choeur, à l'est, sont la partie la plus ancienne : elles peuvent dater de l'extrême fin du XIe ou du début du XIIe siècle. Le chantier s'est prolongé d'est en ouest par les soubassements du choeur et du transept vers 1120-1130, puis par ceux de la nef jusqu'à la hauteur des arcades au premier niveau, jusqu'aux environs de 1150. L'architecture y est notamment caractérisée par les pilastres cannelés et l'arc brisé caractéristiques d'une architecture empruntée à Cluny III et qui règne à la cathédrale d'Autun et à Notre-Dame de Beaune. La sculpture, aux chapiteaux de la nef et du choeur, est à mettre en relation avec les thèmes fréquemment rencontrés à Vézelay, Autun et Saulieu ; le décor fait de cet édifice un ensemble d'époque romane de grande importance du point de vue de la sculpture.

Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Le choeur des XIIe et XIVe siècle
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Le choeur des XIIe et XIVe siècle
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Piles romanes de la nef, à pilastres cannelés et demi-colonnes engagées
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Piles romanes de la nef, à pilastres cannelés et demi-colonnes engagées

Une campagne ultérieure concerne le choeur, dont l'étage supérieur et les voûtes ont été construits vers 1230-1250, un peu avant les parties hautes du transept, puis les parties hautes de la nef, au XIVe siècle seulement. Ce n'est toutefois qu'aux XVe-XVIe siècles que les onze chapelles latérales ont été édifiées en style gothique flamboyant. Et cependant, le bâtiment n'était toujours pas achevé, puisque la façade néogothique et ses deux tours ne datent que de la première moitié du XIXe siècle. Au sud de la cathédrale, subsistent trois galeries du cloître des chanoines cathédraux. Elles datent des XIVe-XVe siècles et sont de style gothique flamboyant. De nombreuses communautés religieuses étaient présentes à Chalon : certes l'abbaye Saint-Pierre y prospéra dès le VIe siècle, mais les Templiers et les Cisterciens de la Ferté, notamment, y avaient aussi une maison.

Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - chapiteau de la nef : feuillages (v. 1150)
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - chapiteau de la nef : feuillages (v. 1150)
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : aigles (v. 1150)
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : aigles (v. 1150)
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : un roi et une reine (v. 1150)
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : un roi et une reine (v. 1150)
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : masques et feuillages
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : masques et feuillages
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : hybrides dans les feuillages
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : hybrides dans les feuillages
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : hybrides dans les feuillages
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : hybrides dans les feuillages
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : hybrides dans les feuillages
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : hybrides dans les feuillages
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : Caïn et Abel
Chalon-sur-Saône - Cathédrale Saint-Vincent - Chapiteau de la nef : Caïn et Abel

 

La vieille ville et les foires de Chalon

Dans le quartier Saint-Vincent, nombreuses sont les maisons à pans de bois qui témoignent de l'intense activité commerciale des XIIIe-XVe siècles. Certaines ne datent que du XVIe siècle, cependant. La date de 1237 est très importante, car cette année-là, le comte de Chalon remit son comté au duc de Bourgogne en échange de la seigneurie de Salins (Franche-Comté). L'emprise ducale progressait donc vers le sud. Au XIIIe siècle justement, le Val de Saône devient un important carrefour commercial au moment où les foires de Champagne commencent à péricliter. Des années 1270 à 1430 environ, les foires de Chalon se réunissent : des marchands venus de plusieurs régions de France et même de l'étranger y échangent diverses denrées, comme les draps ou les épices. Près de la cathédrale, la Maison des Lombards, une maison-tour du XIIIe siècle, fait référence au métier des changeurs dans la ville, sans que l'on soit pour autant certain de son affectation primitive. L'activité subit un sérieux revers à la fin de la guerre de Cent Ans, compte tenu des troubles qui affectent alors la région. Les foires de Chalon finissent par disparaître comme rendez-vous commercial de rayonnement international et régional.

Chalon-sur-Saône - Maison à pans de bois (Place Saint-Vincent)
Chalon-sur-Saône - Maison à pans de bois (Place Saint-Vincent)

Place Saint-Pierre, se trouve le Musée Denon : ce dernier rassemble de riches collections, fruit, notamment, des campagnes archéologiques qui se sont succédées dans la région depuis le XIXe siècle. Sa visite s'impose. Enfin, les expériences menées par Nicéphore Niépce (1765-1833), né à Chalon, et qui ont donné naissance à la photographie ont conduit le ministère à inscrire Chalon-sur-Saône sur la liste de sites labellisés "Maisons des Illustres".

Vidéo sur les origines de Chalon :

https://youtu.be/CXYTSE_i7F0

Bibliographie

-Maurice Bonneviot, Le cloître des chanoines de la cathédrale Saint-Vincent de Chalon-sur-Saône, Chalon-sur-Saône, 2001.

-Pierre Lévêque, Histoire de Chalon-sur-Saône, Dijon, 2005.

-Gilbert Prieur, Les chapiteaux romans de la cathédrale Saint-Vincent de Chalon-sur-Saône, Chalon-sur-Saône, 2006.

-Voir les contributions de Neil Stratford (Les campagnes de construction romanes), Yves Gallet (Les campagnes de construction gothiques) et Isabelle Petit (Les chapelles du XVe siècle), dans Monuments de Saône-et-Loire, Congrès archéologique de Saône-et-Loire 2008, Paris : Société française d'archéologie, 2010.

-Sur la cathédrale, voir également cette page.

En ce qui concerne le milieu urbain et les métiers en général au Moyen Âge, on pourra lire avec beaucoup de profit les ouvrages suivants :

-Jean-Pierre Leguay, Vivre en ville au Moyen Âge, Paris, 2012.

-Jean-Louis Roch, Les métiers au Moyen Âge, Paris, 2014.