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Villeneuve-sur-Yonne

Villeneuve-sur-Yonne dans l'histoire médiévale (XIIe-XVe s.)

Les relations tendues entre le roi de France et les comtes de Champagne s'étaient améliorées au milieu du XIIe siècle. Sous Louis VI (1108-1137) et surtout à partir du règne de Louis VII (1137-1180), l'influence royale s'affirme, notamment en direction du Sénonais, qui fait partie du domaine capétien. La volonté de conforter la présence royale et son influence aux confins des terres de Champagne et de Bourgogne, mais aussi l'essor économique remarquable de ces territoires conduisent Louis VII à fonder en 1163 une ville neuve dans cet espace stratégique, sur une terre achetée à la communauté des Prémontrés de Saint-Marien d'Auxerre.

À quelques lieues au sud de Sens, sur les bords de l'Yonne, Villeneuve-le-Roi, plus tard appelée Villeneuve-sur-Yonne, est donc créée ex nihilo et attire bien vite une population que séduisent le statut de liberté et les avantages fiscaux associés à ce type de fondation. Il faut d'ailleurs rappeler ici que le roi n'est pas seul à agir ainsi. Suger, abbé de Saint-Denis, avait ainsi fondé Vaucresson un peu plus tôt (1145) et le duc de Bourgogne fit de même en créant Baigneux-les Juifs (1243), à l'échelle d'un bourg et selon des modalités un peu différentes il est vrai. Dans tous les cas, ces créations résultent d'un mouvement d'expansion économique qui se traduit par des défrichements et la mise en valeur du territoire. Les coutumes suivies par la communauté des habitants consistaient dans les privilèges et franchises inspirées de la charte de Lorris-en-Gâtinais alors récente (1155).

C'est bien sûr l'Yonne, artère vitale du commerce vers Paris, qui est au coeur de ce développement. L'activité des mariniers prend rapidement de l'importance. Du reste, le Pont Saint-Nicolas aujourd'hui réduit à dix arches, mais qui en compta jusqu'à seize, est le monument de Villeneuve dont l'attestation est la plus ancienne (1186). L'habitat s'abrite bientôt derrière une enceinte encore matérialisée de nos jours par deux portes, celles de Joigny et de Sens, édifiées au XVe siècle à partir de bases plus anciennes, et par ce que l'on appelle localement le "Donjon", qui était la tour maîtresse du dispositif de défense. Celle-ci, jadis coiffée de hourds en bois, est due à Philippe-Auguste qui la fit construire vers 1205-1211. La salle basse où l'on entreposait les vivres est surmontée dans les étages par des salles voûtées d'ogives. La ville compta jusqu'à cinq portes au Moyen Âge. Évidemment Villeneuve se dota également de paroisses, à commencer par la collégiale Notre-Dame, dont l'édification exigea plusieurs siècles de travaux.

La collégiale Notre-Dame de l'Assomption (XIIIe-XVIe s.)

Villeneuve-sur-Yonne - Collégiale Notre-Dame de l'Assomption (XIIe-XVIe s.)
Villeneuve-sur-Yonne - Collégiale Notre-Dame de l'Assomption (XIIe-XVIe s.)

Une grande ambition, outre le développement de la ville, explique les proportions de cette collégiale de 71 mètres de long dont la nef ne compte pas moins de onze travées. La construction de cette église débute aux environs de 1230 par l'est (abside, choeur et transept). Le XIIIe siècle ne voit pas l'achèvement de l'église. Les dernières travées de la nef ne sont pas terminées avant la fin du XIVe siècle, mais les maîtres d'oeuvres successifs ont eu à coeur de suivre jusqu'au bout le parti initial, si bien que la progression chronologique est surtout décelable dans certains caractères stylistiques que l'on repère d'est en ouest. L'impression de cathédrale est accentuée par la largeur de la nef (19 mètres) et par la hauteur sous voûtes importante même dans les bas-côtés. Des chapelles latérales se sont greffées jusqu'au XVIe siècle sur la structure. Signalons en particulier la Chapelle Notre-Dame-des-Vertus, dont la verrière installée vers 1550 narre les épisodes de la vie de la Vierge et la chapelle Saint-Nicolas, dont la clôture est ornée des symboles des mariniers (ancres, rames et gaffes). La tour et la façade ne sont pas édifiées avant le XVIe siècle également. Dans le choeur, du côté nord, l'église a conservé quatre verrières du XIIIe siècle. La collégiale Notre-Dame est aussi dotée d'un riche mobilier des XIVe-XVIIIe siècles.

Non loin de Villeneuve-sur-Yonne, on ne manquera pas non plus de découvrir l'ancienne collégiale Saint-Pierre (XIIIe-XVIe s.) et la chapelle de Vauguillain (fin du XIIe s.) à Saint-Julien-du-Sault.

Villeneuve-sur-Yonne - Collégiale Notre-Dame de l'Assomption (XIIe-XVIe s.) : chapiteau de la nef
Villeneuve-sur-Yonne - Collégiale Notre-Dame de l'Assomption (XIIe-XVIe s.) : chapiteau de la nef
Villeneuve-sur-Yonne - Collégiale Notre-Dame de l'Assomption (XIIe-XVIe s.) : galerie d'arcatures du déambulatoire (XIIIe s.)
Villeneuve-sur-Yonne - Collégiale Notre-Dame de l'Assomption (XIIe-XVIe s.) : galerie d'arcatures du déambulatoire (XIIIe s.)
Villeneuve-sur-Yonne - Collégiale Notre-Dame de l'Assomption (XIIe-XVIe s.)
Villeneuve-sur-Yonne - Collégiale Notre-Dame de l'Assomption (XIIe-XVIe s.)
Villeneuve-sur-Yonne - Collégiale Notre-Dame de l'Assomption (XIIe-XVIe s.) : clôture de la chapelle Saint-Nicolas au soubassement orné des symboles des mariniers (XVIe s.)
Villeneuve-sur-Yonne - Collégiale Notre-Dame de l'Assomption (XIIe-XVIe s.) : clôture de la chapelle Saint-Nicolas au soubassement orné des symboles des mariniers (XVIe s.)
Villeneuve-sur-Yonne - Le vitrail de la Vierge (XVIe s.)
Villeneuve-sur-Yonne - Le vitrail de la Vierge (XVIe s.)

Bibliographie et ressources en ligne

-Robert Branner, Burgundian Gothic Architecture, Londres, 1960, p. 195.

-Les gens de rivière à Villeneuve-sur-Yonne, Saint-Julien-du-Sault, 1991 (ouvrage collectif).

-Jean-Luc Dauphin, Découvrir Villeneuve-sur-Yonne et le Villeneuvien : les clés de la ville, le guide du promeneur, Villeneuve-sur-Yonne, 1994.

-"Sa majesté Villeneuve-sur-Yonne", Revue Bourgogne, mai 2012.

-Belle galerie de photos légendées sur patrimoine-histoire.fr.