Le château ducal de Montbard
Acquis en 1189 par le duc capétien de Bourgogne Hugues III au terme d'un échange, il a été édifié pour l'essentiel au XIVe siècle (Tour de l'Aubespin, Tour de Saint-Louis et enceinte), puis modifié par le naturaliste Buffon (1707-1788) au XVIIIe siècle. Ce dernier y crée notamment un parc à la française et à l'italienne après d'importants travaux de terrassement. L'ensemble abrite notamment le Musée Buffon qui permet de donner une idée des recherches et des méthodes employées par ce scientifique naturaliste du XVIIIe siècle originaire de Montbard, auteur d'une ambitieuse Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du Roy en 36 volumes (1749-1789) et initiateur de l'expérience industrielle des fameuses Forges de Buffon (1768-1772), à quelques kilomètres de Montbard, sur ses terres.
L'Abbaye de Fontenay : un complexe monastique des XIIe-XIIIe siècles presque complet et classé sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO
Plan du complexe monastique sur le site de l'Abbaye
Un détour par l'abbaye de Fontenay s'impose à qui veut découvrir l'un des ensembles monastiques médiévaux les mieux conservés et les plus complets de France, voire d'Europe, ainsi qu'un témoignage exceptionnel sur l'architecture cistercienne à ses débuts. Pour l'essentiel, il ne manque à ce complexe monastique que le réfectoire, détruit en 1745 et qui se trouvait au sud du cloître ainsi que la dernière nef de la salle capitulaire, à l'est. De plus, l'ensemble est marqué par une grande homogénéité. À l'exception de quelques modifications survenues pour l'essentiel au XVe siècle, notamment au niveau de certaines baies, les bâtiments ont été construits entre 1140 et 1200, principalement, et présentent un équilibre général roman dans lequel on observera cependant l'emploi précoce de la voûte d'ogives. On peut aujourd'hui visiter l'église abbatiale, le cloître, le dortoir, le chapitre, le passage voûté donnant sur le jardin, la salle des moines, le chauffoir, la forge (élément rarissime en Europe pour les abbayes du XIIe siècle), la boulangerie et la porterie.
L'église abbatiale
L'abbaye a été fondée par Bernard de Clairvaux en 1119. Primitivement installée dans un vallon un peu plus au nord, l'établissement a été déplacé sur le lieu actuel dans les années 1130. La construction de l'ensemble a notoirement bénéficié de l'aide pécuniaire de l'évêque anglais Ébrard de Norwich au milieu du XIIe siècle, ce qui permit de faire avancer les travaux à vive allure. Qu'on en juge : l'église abbatiale, dont la nef comporte huit travées, un vaste transept et un chevet plat, a été édifiée entre 1139 et 1147, même si des études récentes tendent à montrer que des travaux ont pu s'attarder jusqu'au début des années 1160. L'église comportait initialement un narthex dont on aperçoit encore les corbeaux sur la façade. Cette dernière est percée de sept baies. Le portail est simple : un tympan nu surmonté de voussures en plein cintre. La nef est couverte en berceaux brisés. Elle est contrebutée par des collatéraux éclairé de baies, couverts de voûtes en berceaux transversaux. La nef aveugle est éclairée notamment par des baies situées au dessus de l'arc triomphal et par les sept baies de la façade. Le croisillon nord abrite une très belle statue gothique de la Vierge à l'Enfant (XIVe siècle) ; au fond du sanctuaire on peut également voir un beau retable en pierre (XIIIe siècle) orné de scènes de l'Enfance du Christ et de la Passion ainsi que le tombeau d'Ébrard de Norwich. L'église est dotée d'un petit clocher-campanile des plus simples, rappel discret de la vocation du moine cistercien, qui exclut normalement toute forme d'ostentation, y compris dans la sculpture. Celle-ci, d'ailleurs, est pour l'essentiel constituée de chapiteaux à feuilles d'eau très simples à l'intérieur de l'église et du cloître.
Les bâtiments conventuels
Les bâtiments conventuels médiévaux sont pour la plupart conservés. Le cloître, conformément à une tradition claustrale bien attestée sur le fameux Plan de Saint-Gall (v. 820), épouse la forme d'un quadrilatère. Ses ailes sont couvertes de voûtes en berceaux brisés, pénétrés par une lunette qui, au niveau de l'arcade, permet la communication avec le jardin, sauf dans l'aile ouest, voûtée d'arêtes. Le croisillon sud du transept communique par un escalier droit avec le dortoir reconstruit au XVe siècle (la magnifique charpente en châtaignier est d'origine). Au rez-de-chaussée, il donne sur le cloître qui lui-même s'ouvre à l'est sur les travées de la salle du chapitre, couverte de voûtes d'ogives. Cette salle se prolonge par un passage donnant sur le jardin, puis par ce qu'on appelle la salle des moines, qui pourrait avoir abrité un scriptorium, l'activité de copie des manuscrits étant très importante dans les abbayes cisterciennes aux XIIe-XIIIe siècles. Sur certains piliers on peut encore discerner des marques lapidaires. L'ensemble est complété par le chauffoir également couvert de voûtes d'ogives, plus au nord, puis par un long bâtiment divisé en 4 salles dont la seconde, en partant de l'ouest, a perdu ses voûtes d'ogives et qui abrite la forge, initialement équipée d'un marteau hydraulique tout-à-fait remarquable et dont les éléments ont été reconstitués en 2008 par des lycéens. N'oublions pas que l'autarcie était recherchée par les cisterciens : autant éviter d'acheter sur les marchés locaux des instruments que l'on pouvait fabriquer soi-même grâce au fer que des mines toutes proches permettaient de se procurer, sur le domaine. L'hôtellerie (XIIe siècle), la porterie (XIIe siècle), la chapelle des étrangers et la boulangerie (XIIIe siècle) complètent cet ensemble exceptionnel.
Ci-après, extrait de l'émission Des racines et des Ailes du 3 mars 2016 consacrée à la Bourgogne, ici plus précisément à l'Abbaye de Fontenay :
Bibliographie sur l'abbaye de Fontenay et l'art roman cistercien
-Père M. Anselme Dimier, Jean Porcher, L'art cistercien, La Pierre-qui-Vire, 1974.
-Paul Benoît, "Un site industriel médiéval : l'abbaye de Fontenay", Mémoires de la Commission des Antiquités de la Côte-d'Or, 34 (1984-1986), p. 219-247.
-Id., « Les mines de Fontenay », dans Paul Benoit, Denis Cailleaux, Moines et métallurgie dans la France médiévale, Paris, 1991, p. 289-298.
-"Cîteaux (1098-1998). L'épopée cistercienne", Dossiers d'archéologie, 229 (décembre 1997-janvier 1998).
-Pierre Bourgeois, Abbaye Notre-Dame de Fontenay. Monument du patrimoine mondial : architecture et histoire, Bégrolles-en-Mauges, 2000 (2 vol.).
-Louis André, L'abbaye de Fontenay, de saint Bernard au patrimoine mondial, Paris, 2003.
-"Abbayes et abbatiales cisterciennes", Dossiers de l'archéologie, 340 (août 2010).