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Bois-Sainte-Marie

Bois-Sainte-Marie - Eglise de la Nativité - Chapiteau de la nef : le désespoir (v. 1130)
Bois-Sainte-Marie - Eglise de la Nativité - Chapiteau de la nef : le désespoir (v. 1130)

Église Notre-Dame-de-la-Nativité (XIIe siècle)

Architecture

Bois-Sainte-Marie est le siège d'une très ancienne paroisse, puisqu'avant 978 le comte de Chalon Lambert offre l'église de ce lieu au prieuré de Paray-le-Monial, fondé par lui en 973. Toutefois, ce n'est pas l'édifice que l'on peut encore visiter, puisqu'il a été remplacé au début du XIIe siècle par l'église actuelle, dont les dimensions s'expliquent par l'existence d'une population importante à cet endroit. En effet, Bois-Sainte-Marie était situé sur la route de Mâcon à Nevers et un marché s'y était développé. Le bourg était aussi le centre d'un archiprêtré.

La déclivité du sol renforce l'impression de hauteur que l'on éprouve en regardant la façade de l'église. La présence de claveaux polychromes au niveau des voussures du portail central fait penser aux églises romanes auvergnates. C'est un élément d'origine. Il faut le souligner, car le parement extérieur de l'église a été pratiquement refait par l'architecte Eugène Millet (1819-1879) dans les années 1850, tout comme, d'ailleurs, le tympan de la Fuite en Égypte au portail sud de la nef et c'est aussi le cas de la plupart des chapiteaux et modillons qui décorent l'extérieur. En outre la voûte de la nef a été reconstruite. Les interventions sur cet édifice ont donc été particulièrement lourdes au XIXe siècle. Ajoutons qu'une vingtaine de chapiteaux ont été refaits, également au XIXe siècle.

La partie la plus ancienne est le chevet, édifié aux alentours de 1110-1120. Curieux chevet, d'ailleurs : un choeur voûté en plein cintre se prolonge par une abside semi-circulaire enveloppée par un large déambulatoire sur lequel elle s'ouvre au moyen d'une série d'arcades reposant sur des colonnettes triples. Ce parti s'inspire, comme le rappelle Anelise Nicolier, de l'aire germanique. Le déambuloire est voûté d'arêtes sans doubleaux. L'originalité de cet ensemble est saisissante. Le choeur est surmonté d'un lourd clocher doté de baies à l'étage. Les croisillons non-saillants du transept communiquent avec les bas-côtés voûtés d'arêtes de la nef. La nef centrale, éclairée par des fenêtres hautes, est voûtée en berceau brisé, ce qui signe l'influence clunisienne, mais ces voûtes ont été refaites au XIXe siècle (en brique). Les trois vaisseaux ont quatre travées. C'est la partie la moins ancienne, mais elle a été édifiée peu après le massif oriental, vers 1120-1140. Anelise Nicolier s'en tient à cette chronologie.

Bois-Sainte-Marie - Eglise de la Nativité - Le rond-point (v. 1115)
Bois-Sainte-Marie - Eglise de la Nativité - Le rond-point (v. 1115)

Sculpture

La sculpture n'est certainement pas l'aspect le moins intéressant de l'édifice. Trois chantiers au moins y ont travaillé. Les chapiteaux du déambulatoire et du rond-point paraissent frustes : leur décor est surtout végétal (feuilles lisses). Ils sont à rapprocher de ceux des églises de Gourdon et de Saint-Germain-en-Brionnais. Les chapiteaux du transept et des travées proches de celui-ci, où figurent notamment par paires des animaux affrontés, sont la production d'un atelier d'Anzy-le-Duc, tandis qu'aux deux travées occidentales de la nef et pour les chapiteaux situés à la retombée des arcs-doubleaux des voûtes hautes, c'est l'atelier du Donjon qui à l'oeuvre : des thèmes moraux et symboliques y sont illustrés par le combat de deux hommes, le châtiment de la médisance ou encore le désespoir partagé par deux personnages côte à côte. Ils semblent résulter d'un programme plus élaboré que dans les parties orientales de l'église et sont empreints d'une certaine intensité dramatique. Sans surprise, on y retrouve la propension des clercs et des moines du XIIe siècle pour la représentation des vices et des vertus, ici plutôt à l'intention des laïcs qui fréquentaient l'église paroissiale. Il ne faut cependant pas oublier que plusieurs de ces chapiteaux ont été refaits au XIXe siècle avec une habileté qui rend difficile l'identification des originaux.

Bois-Sainte-Marie - Eglise de la Nativité - Chapiteau de la nef (v. 1130)
Bois-Sainte-Marie - Eglise de la Nativité - Chapiteau de la nef (v. 1130)
Bois-Sainte-Marie - Eglise de la Nativité - Chapiteau de la nef : les lutteurs (v. 1130)
Bois-Sainte-Marie - Eglise de la Nativité - Chapiteau de la nef : les lutteurs (v. 1130)
Bois-Sainte-Marie - Eglise de la Nativité - - Chapiteau de la nef : scène de duel (v. 1130)
Bois-Sainte-Marie - Eglise de la Nativité - - Chapiteau de la nef : scène de duel (v. 1130)
Bois-Sainte-Marie - Eglise de la Nativité - Chapiteau de la nef : même scène de duel, sur l'autre face (v. 1130)
Bois-Sainte-Marie - Eglise de la Nativité - Chapiteau de la nef : même scène de duel, sur l'autre face (v. 1130)
Bois-Sainte-Marie - Eglise de la Nativité - Chapiteau de la nef : la sirène (v. 1130)
Bois-Sainte-Marie - Eglise de la Nativité - Chapiteau de la nef : la sirène (v. 1130)

Bibliographie

-Matthias Hamann, Die burgundische Prioratskirche von Anzy-le-Duc und die romanische Plastik im Brionnais, Würzburg, 2000. Voir l'article-résumé en ligne.

-Christian Sapin, Bourgogne romane, Dijon, 2006.

-Anelise Nicolier, La construction d'un paysage monumental religieux en Brionnais, Thèse (2015), Tome III, vol. 1 : Corpus, p. 134-156.

-Voir aussi le site de l'Association pour la restauration de l'église de Bois-Sainte-Marie sur cette page.