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Sauvigny-le-Bois

Prieuré Saint-des-Bonshommes (XIIIe siècle)

Les XIe et XIIe siècles furent une période particulièrement féconde en matière de renouvellement de la vie religieuse et de sa traduction architecturale ou artistique. L'exemple d'Étienne de Muret illustre bien ce fait. Étienne est en réalité le comte Étienne III de Muret, né en 1046. Mais ce dernier abandonne sa fonction comtale à un oncle, préférant la solitude de la prière. En 1074 il fonde un ordre à caractère ascétique très marqué, axé sur la vie solitaire. L'originalité de l'intuition exprimée réside dans le fait que les frères lais (convers), travailleurs manuels et régisseurs de la vie matérielle, commandent les frères clercs. La première communauté est fondée à Muret, près de Limoges. Après la mort d'Étienne de Muret (1125), la communauté se déplace à Grandmont, non loin d'Ambazac, toujours à proximité de Limoges.

Les grandmontains réduisent les biens matériels à leur expression la plus simple. Ainsi Étienne de Muret exigeait-il de ses frères qu'ils ne possédassent pas d'animaux, donc de cheptel, source de richesses, à part des ruches. Pendant longtemps la vie des grandmontains a été réglée par les usages que respectait Étienne de Muret. La règle proprement dite, rédigées seulement dans les années 1150, associe des dispositions proches de la vie des chartreux et d'autres aspects que l'on pourrait rapprocher de la vie cistercienne. Il est d'ailleurs à noter que les chartreux ont été fondés par saint Bruno en 1084 et les cisterciens par Robert de Molesme en 1098, donc en cette fin du XIe siècle également, sur un arrière-plan de réforme du clergé et de la vie monastique. La règle était donc très austère. Confirmée en 1171 et en 1188 par la papauté, elle fut assouplie par la suite. Le fait, notamment, que les frères convers dirigent les clercs relève d'un anticonformisme évangélique qui a pu poser problème en un temps de domination de l'état clérical et générer des temps de crise. L'ordre a connu une période de développement particulièrement important au tournant du XIIe et du XIIIe siècle, date de son implantation la plus nette en Bourgogne.

Sauvigny-le-Bois - Prieuré Saint-Jean-des-Bonshommes (XIIIe siècle)
Sauvigny-le-Bois - Prieuré Saint-Jean-des-Bonshommes (XIIIe siècle)

Le comte de Nevers fonde un prieuré grandmontain à La Faye, près de Nevers, en 1166, et à Bons-Hommes-lès-Ligny, près d'Auxerre, peu après. Le duc de Bourgogne Hugues III en fait autant vers Époisses en 1189 et Anséric III, sire de Montréal, fonde quant à lui le prieuré Notre-Dame de Charbonnières, près de Sauvigny-le-Bois, autour de 1200-1205. Il s'agit du prieuré qui prit au XVe siècle le nom de prieuré Saint-Jean-des-Bonshommes, nom par lequel on désignait alors les grandmontains. Il ne reste malheureusement plus grand-chose du prieuré, si ce n'est l'église abbatiale, toute de simplicité, comme le préconise la règle : une nef unique terminée par une abside à trois pans, tout juste décorée d'arcatures au niveau de l'abside. Des bâtiments conventuels, il reste des pans de murs et le puits qui se trouvait au centre du cloître dont on peut encore voir quelques arcs. L'ensemble peut être daté des années 1230. La Société d'études d'Avallon y organise des manifestations estivales et en favorise l'entretien.

Bibliographie

-Geneviève Durand, Jean Nougaret (dir.), L'ordre de Grandmont, art et histoire. Actes des Journées d'études de Montpellier, 7 et 8 octobre 1989, Centre d'Archéologie Médiévale du Languedoc, 1992.

-Robert Chanaux, L'abbaye et l'ordre de Grandmont. Entre ascétisme et opulence, XIe-XVIIIe siècle, Limoges, 2012.