Le château (XIIe et XIVe-XVe siècles)
Le château, que l'on ne manque pas d'apercevoir sur son éperon depuis l'autoroute A6, est une belle illustration de l'architecture militaire du XIIe (donjon carré) et du milieu du XIVe siècle (l'enceinte, les cinq tours et l'essentiel des courtines). Jean de Chaudenay avait créé vers 1175 cette seigneurie à quelques kilomètres de son propre château, d'où le nom de Castrum novum à l'origine du nom Châteauneuf. Ses descendants l'occupèrent jusque dans les années 1450 lorsqu'ils n'étaient pas retenus en Orient par les croisades. Le périmètre fortifié actuel se met en place vers le milieu du XIVe siècle, la chapelle venant compléter l'ensemble après 1420. La famille perdit la seigneurie dans des conditions dramatiques : Catherine, dernière détentrice du château dans le premier lignage, fut accusée d'avoir empoisonné son mari Jacques d'Haussonville ; elle fut conduite à Paris pour y être traduite en justice et fut condamnée à être brûlée vive (1456). C'est dans ces circonstances qu'en 1457, le château vint garnir les possessions de Philippe Pot (1428-1493), conseiller du duc Philippe le Bon.
Ce personnage, administrateur et négociateur, a joué un rôle important à la cour ducale des Valois et en Bourgogne annexée : attesté comme chambellan de Philippe le Bon en 1454, il est hissé au titre de chevalier de la Toison d'Or en 1461. Il devient ensuite grand maître de l'hôtel du duc sous Charles le Téméraire. Après l'annexion de la Bourgogne ducale par Louis XI (réalisée en 1477 et confirmée par le Traité d'Arras en 1482), la carrière de Philippe Pot ne s'arrête pas, dans la mesure où ce dernier fait partie des nobles bourguignons passés au service du roi. Louis XI fait même de lui son grand sénéchal de Bourgogne (1477) et Charles VIII le confirme dans ses propres faveurs et à son poste. Philippe Pot complète son château par des constructions gothiques luxueuses (la chapelle, le grand logis et le logis d'hôte) qui contribuent à en faire une véritable demeure d'apparat et de plaisance en plus d'une place forte. Le splendide cénotaphe de Philippe Pot (anonyme, mais l'on évoque parfois une oeuvre d'Antoine Le Moiturier réalisée peu après 1480), provenant de l'abbaye de Cîteaux où le grand sénéchal avait élu sépulture et qui est aujourd'hui conservé au Musée du Louvre, témoigne des pratiques quasi-princières de ce haut personnage.
Pour plus d'informations sur ce site donné à l'Etat en 1936, se rendre sur la page consacrée au château sur le site de la Région Bourgogne.
Bibliographie
-Michel Jantzen, "Châteauneuf-en-Auxois", Société française d'archéologie, Congrès archéologique de France, 144e session (1986) : Auxois - Châtillonnais, Paris, 1989, p. 47-52.