Historique
À l'ancien habitat celtique a succédé l'implantation gallo-romaine associée à l'exploitation des eaux thermales. Des thermes, dont il ne reste presque rien, ont existé à Bourbon-Lancy à l'époque romaine. Le nom d'Aquae Borvonis est en effet lié à celui du dieu celte Borvo, qui était réputé guérir par les eaux. Située sur l'antique voie de Lyon à Lutèce par la vallée de la Loire, la cité de Bourbon-Lancy a vu son activité se développer. Des sires, vassaux du comte de Chalon, y sont attestés dès la fin du Xe siècle. Anseide est le premier d'entre eux, vers 990. Après le XIIe siècle, les sires de Bourbon-Lancy deviennent vassaux du comte de Nevers (1208), puis du duc de Bourgogne. Dans le cadre de la guerre de Cent Ans, le seigneur du lieu, Guillaume de Trémoille, obtint une aide pécuniaire du duc de Bourgogne Philippe le Hardi pour qu'il renforce les défenses de la ville, désormais bien close derrière ses remparts (1387-1389). C'est de cette époque que date en particulier le beffroi de la ville, dont l'architecture défensive est très marquée. Les remparts sont à présent insérés dans l'habitat. Une très belle maison à pans de bois (XVIe siècle) agrémente ce quartier médiéval plein de cachet. La ville comprenait trois paroisses. L'une d'elles était associée à un prieuré clunisien : Saint-Nazaire, qui constitue l'un des principaux témoins de l'architecture médiévale à Bourbon-Lancy, quoique restauré à la fin du XIXe siècle.
Église priorale Saint-Nazaire (fin du XIe siècle)
Le prieuré fondé par Anseide de Bourbon vers l'an mil fut donné aux moines de Cluny vers 1030. Ils y installèrent une petite communauté et reconstruisirent l'église priorale. L'aspect imposant de l'édifice et ses caractéristiques architecturales pourraient faire croire au premier abord à une église carolingienne construite dans la tradition germanique, à laquelle elle s'apparente en effet. La nef de cinq travées, charpentée, est dépourvue de décoration sculptée et fait penser à la nef de l'église priorale de Perrecy-les-Forges. Les murs sont nus et les piliers qui soutiennent les arcades entre la nef centrale et les collatéraux sont carrés. Tout juste leurs imposte ont-elles un décor de billettes, bien discret. La nef se prolonge par un transept saillant et un choeur de deux travées voûtées en berceau qui étaient voûtés jadis. Les piliers, ici, sont cruciformes et les arcades reposent sur des demi-colonnes engagées coiffées de chapiteaux sculptés, au décor végétal et comportant quelques représentations animales. Une longue abside jouxtée d'absidioles échelonnées s'impose encore plus à l'est. L'ensemble, qui pourrait avoir été construit à partir des années 1070-1080, n'a sans doute pas été terminé avant le premier quart du XIIe siècle. L'église est devenue Musée Saint-Nazaire à la fin du XIXe siècle.
Bibliographie
-Éliane Vergnolle, L'église Saint-Nazaire de Bourbon-Lancy, Congrès archéologique de France, 146e session, 1988, p. 83-96.
-Des éléments dans Ead., L'art monumental de la France romane. Le XIe siècle, Londres, 2000.