Eglise Saint-Antoine de Fixey (commune de Fixin)
Des spécialistes de l'histoire de l'art se sont parfois demandés si cette église, du moins la nef, ne correspondrait pas au lieu de culte mentionné dans un document de l'abbaye dijonnaise Saint-Bénigne et daté entre 898 et 908. Il est vrai que le vocabulaire architectural y fait écho aux prémices romans en Bourgogne. La nef (charpentée) est donc la partie la plus ancienne de l'édifice. Ses maçonneries peuvent en effet indiquer le Xe siècle. Il semble toutefois, d'après les études les plus récentes, que l'on puisse attribuer cette nef à une phase de construction au début du XIe siècle, peut-être après la donation de cette église à Saint-Étienne de Beaune en 1012, mais cela n'est pas absolument assuré. Il n'en est pas moins vrai qu'il s'agit là d'une nef romane comptant parmi les premiers témoins de ce style dans la région dijonnaise. Le clocher est postérieur, mais roman lui aussi (début du XIIe siècle). L'archéologue Christian Sapin observe que l'adjonction d'un clocher est un phénomène bien attesté ailleurs en Bourgogne à cette époque : elle traduit généralement l'accès au statut paroissial de ces édifices, lui-même révélateur d'un maillage paroissial devenu plus dense, conséquence d'un essor démographique confirmé. Le choeur a quant à lui fait l'objet d'un remaniement au XIVe siècle et l'abside a été reprise au XVIIIe siècle seulement (1720). Récemment (2016), d'importants travaux de restauration ont débuté. Ils sont aujourd'hui (2018) achevés et le résultat en est une superbe restauration extérieure que d'autres photos viendront bientôt illustrer sur cette page.
L'église est dédiée à saint Antoine. Il s'agit d'Antoine du désert, l'un des pères fondateurs du monachisme en Orient (Égypte, notamment en Thébaïde) selon les modalités de l'érémitisme ou anachorèse (mode de vie religieuse solitaire). Il serait mort à l'âge de 105 ans en 356. Le Tau (T grec) orne le linteau de la porte sud de la nef. C'était le symbole des Antonins, appelés aussi Théatins, un ordre canonial hospitalier fondé par Guérin de Valloire à la fin du XIe siècle après que des reliques d'Antoine du désert ont été rapportées d'Orient à l'initiative d'un noble originaire du Dauphiné. Les Antonins ont possédé de très nombreuses maisons d'assistance et de soins, surtout durant les derniers siècles du Moyen Âge. En ce qui concerne l'ordre des Antonins, on peut se reporter aux ouvrages suivants :
-Adalbert Mischlewski, Un ordre hospitalier au Moyen Âge : les chanoines réguliers de Saint-Antoine-en-Viennois, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, 1995.
-Jacques Battia, Entre médecine et religion. Des saints intercesseurs à l'Ordre hospitalier des Antonins, Paris : Éditions du Glyphe, 2010.
-Mariangela Rapetti, L'espansione degli Ospedalieri di S. Antonio di Vienne nel Mediterraneo occidentale fra XIII e XVI secolo : archivi e documenti, Perugia : Morlacchi editore, 2017.
Bibliographie
-Christian Sapin (dir.), Bourgogne romane, Dijon, 2006.